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Des banques de développement réagissent aux abus perpétrés dans les plantations d’huile de palme en RD Congo

La mise en œuvre d’engagements protégerait des dizaines de milliers de travailleurs et d’habitants

Quatre banques européennes de développement ont annoncé qu’elles demanderaient à une grande entreprise spécialisée dans l’exploitation de l’huile de palme en République démocratique du Congo de prendre des mesures en vue de remédier aux violations des droits humains dont Human Rights Watch a fait récemment état dans un rapport.

Le rapport de 95 pages, intitulé A Dirty Investment (« Un sale investissement »), a conclu que Feronia, la compagnie financée par les quatre établissements bancaires, est responsable d’atteintes à la santé et aux droits du travail ainsi que d’une détérioration environnementale.

Les banques ont fait leur annonce le même jour que le lancement du rapport, en affirmant qu’elles demanderaient à Feronia de prendre une série de mesures en réponse à ces violations. La multinationale emploie plus de 10 000 ouvriers agricoles dans le cadre de sa filiale en RD Congo, et ses plantations abritent plus de 100 000 personnes.

Human Rights Watch a constaté que Feronia expose ses travailleurs à des pesticides toxiques et se livre à des pratiques professionnelles abusives qui ont pour conséquence des salaires extrêmement bas et la paupérisation de ses travailleurs. Ses usines déversent également des déchets industriels non traités qui pourraient avoir contaminé la seule source d’eau potable pour plusieurs centaines de villageois. Il incombait aux banques de développement de prévenir et de remédier à ces abus, mais leurs mécanismes de surveillance et d’établissement des responsabilités ont échoué.

Les banques publiques en question – la belge BIO, la britannique CDC Group, l’allemande DEG et la néerlandaise FMO – ont investi 100 millions de dollars US dans Feronia depuis 2013. Le groupe CDC détient également 38 % du capital de cette multinationale.

Human Rights Watch a mené plus de 200 entretiens dans le cadre de ce rapport et ses chercheurs ont parcouru 1 200 kilomètres sur le fleuve Congo pour rencontrer les habitants des plantations isolées.

Les mesures annoncées par les banques comprennent la lutte contre les violations des droits du travail, à l’origine de salaires extrêmement bas, la garantie de parité salariale entre hommes et femmes, la réponse aux préoccupations des villageois au sujet de la contamination de l’eau et une série de mesures destinées à protéger la santé des travailleurs qui pulvérisent des pesticides.

Human Rights Watch assurera un suivi de la mise en œuvre par les banques de ces mesures. Il manque toutefois encore un engagement de leur part à remédier aux insuffisances constatées en matière de surveillance et de lutte contre l’impunité, insuffisances qui ont permis la perpétration d’abus sous leur nez. Les banques devraient engager des réformes structurelles, y compris s’agissant du renforcement des mécanismes de suivi et d’établissement des responsabilités, non seulement pour protéger des milliers de travailleurs en RD Congo, mais aussi les droits des personnes concernées par plus de 2 000 projets auxquels les banques participent dans le monde en développement, où elles contrôlent des milliards de dollars d’investissements

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