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États-Unis : Les électeur.rice.s ont choisi Biden comme président

Le droit de vote ne devrait pas être remis en cause par des procès sans fondement

Joe Biden, président élu des États-Unis dont la victoire a été confirmée le 7 novembre 2020, photographié à Wilmington (Delaware) le 5 novembre, au surlendemain de l’élection, aux côtés de sa colistière du Parti démocrate Kamala Harris. © 2020 AP Photo/Carolyn Kaster

(New York, le 7 novembre 2020) –Après quatre ans de régression des droits humains aux États-Unis, le président élu Joe Biden devrait inverser cette tendance en replaçant immédiatement le respect de ces droits au premier plan des lois et politiques américaines, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch.

Suite aux déclarations de l’Associated Press, de Fox News et d’autres médias selon lesquels Joe Biden a remporté l’élection présidentielle américaine, l’administration au pouvoir devrait respecter la volonté des électeur.rice.s plutôt que d’intenter des procès judiciaires sans fondement. Le président Donald Trump a lancé des allégations infondées de fraude électorale, sa campagne ayant demandé aux tribunaux d’intervenir dans le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie et la Géorgie.

« Dans une démocratie, la volonté du peuple, et non celle des politiciens, détermine le résultat d’une élection. Désormais, le président élu Biden devra gouverner au nom de tous les Américains », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Le nombre d’électrices et d’électeurs a atteint un niveau record, et le processus électoral doit consacrer leur choix. Il est temps de soigner les plaies de la nation, et de mettre fin aux clivages. »

Un siècle après la reconnaissance du droit de vote des femmes aux États-Unis, et 55 ans après le Voting Rights Act de 1965, Kamala Harris, fille de parents immigrants originaires d’Inde et de Jamaïque, est devenue la première femme, la première Noire américaine, et la première Américaine d’origine asiatique à être élue vice-présidente de ce pays.

Les allégations irresponsables de fraude électorale portées par Trump lors du scrutin national du 3 novembre 2020 ont fait l’objet d’une condamnation bipartite. Les candidats ont le droit d’engager les recours judiciaires dont ils disposent, mais la poursuite de revendications sans fondement prolonge inutilement le processus électoral et peut fragiliser la confiance dans le résultat des urnes. La campagne de Trump a signalé son intention de demander un recomptage dans le Wisconsin et le secrétaire d’État de la Géorgie a annoncé le 6 novembre que le décompte des bulletins dans la course à la présidentielle s’achèverait avec une marge suffisamment étroite pour envisager un nouveau dépouillement.

 

Les deux campagnes, les partis politiques et tous les responsables américains devraient exhorter le public à respecter le processus électoral. Les poursuites engagées sur des contentieux électoraux devraient être résolus en mettant l’accent sur le droit de vote et en vérifiant la volonté exprimées par les électeurs. Un nombre record d’Américains de tous horizons ont participé à l’élection alors que sévit une pandémie et que d’autres obstacles structurels se posent à l’exercice du droit de vote. Le droit international des droits humains exige que chaque vote soit comptabilisé, a rappelé Human Rights Watch.

En tant que président, Biden devrait faire des droits humains une priorité dans le pays et à l’étranger, a souligné Human Rights Watch. Cela comprend la poursuite de politiques de promotion des droits des personnes aux États-Unis à vivre dans la dignité, à exprimer leurs opinions, à fonder et à former des familles comme bon leur semble, à mettre suffisamment de nourriture sur la table, à avoir accès à l’eau potable, à consulter un médecin sans crainte de discrimination ou de ruine financière et à se sentir bien dans sa peau. Biden devrait également agir rapidement pour que l’on légifère sur la lutte contre la pandémie de Covid-19 et la lutte contre le racisme systémique et pour que soient envisagées des réparations pour les préjudices et injustices subies au sein du système pénal et dans le cadre des procédures d’immigration.

S’agissant de sa politique étrangère, la nouvelle administration devrait faire montre d’un leadership climatique sur la scène internationale, promouvoir et protéger les droits sexuels et reproductifs, et veiller à ce que les armes et la technologie américaines ne soient pas vendues à des gouvernements responsables de violations des droits humains. Les auteurs de telles violations ne devraient pas se voir dérouler le « tapis rouge », mais au contraire subir des pressions sur les droits humains, à la fois publiquement et en privé.

Certains électeurs à travers le pays ont voté par correspondance ou en déposant leurs bulletins dans des boîtes officielles destinées à leur collecte. Des méthodes qui existent dans de nombreux États américains depuis des années, mais certains États et citoyens, en raison de la pandémie de Covid-19, y ont eu recours pour la première fois lors des primaires de 2020 et des élections générales. Les poursuites judiciaires engagées par la campagne Trump semblent principalement porter sur ces procédures de vote.

« Il existe une grande différence entre des recours juridiques légitimes visant à protéger le droit de vote et les efforts visant à priver de ce même droit les électeurs qui soutiennent votre rival », a déclaré Kenneth Roth. « Dans un cas, la démocratie en sort renforcée, dans l’autre, elle en est fragilisée. »

Les emails de la campagne Trump et les déclarations du Président lui-même, notamment sur les réseaux sociaux, ont relayé des affirmations infondées sur la légitimité des bulletins de vote par correspondance, appelant ses partisans à « riposter ». Tout en respectant la liberté d’expression, les plateformes de réseaux sociaux devraient appliquer leurs propres politiques pour limiter la propagation de la désinformation électorale, y compris les allégations de fraude sans fondement, ainsi que l’incitation à la violence, a déclaré Human Rights Watch.

Des manifestations ont eu lieu depuis le jour des élections et d’autres pourraient suivre dans les jours à venir, indépendamment des affiliations politiques de leurs participants. Dans des lettres adressées récemment aux autorités nationales et locales, Human Rights Watch et d’autres organisations les ont exhortées à veiller à ce que les forces de l’ordre – y compris la Garde nationale et les autres unités militaires susceptibles d’être déployées – permettent aux manifestants de se rassembler pacifiquement et de ne recourir à la force qu’en dernier recours, si nécessaire et de manière proportionnée, pour répondre à une menace réelle qui ne peut être écartée par d’autres mesures.

Le 4 novembre, la police de New York semble avoir encerclé des manifestants, en immobilisant et en s’attaquant à certains d’entre eux qui ne semblaient pas poser de menace. Human Rights Watch a critiqué ces tactiques dans un récent rapport sur la réponse policière aux manifestations dans le Bronx en juin 2020.

Les dirigeants étrangers et les organisations internationales de défense des droits humains devraient soutenir le choix du peuple américain pour son président, tout en s’engageant publiquement à défendre les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique aux États-Unis.

« Cette élection montre l’énorme travail qui reste à faire pour garantir que chacun aux États-Unis puisse vivre dans la dignité et sans craindre le racisme et la discrimination », a conclu Kenneth Roth. « Une fois qu’elle aura pris ses fonctions en janvier, l’administration Biden devrait agir pour réparer les dégâts causés par les nombreuses transgressions des droits auxquelles s’est livré Trump dans son pays et remédier aux multiples incohérences et hypocrisies qui grèvent depuis longtemps la politique américaine des droits humains à l’étranger. »

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