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En République centrafricaine, la CPS annonce la tenue de son premier procès

Obtenir justice pour de graves abus commis par le groupe armé 3R serait un pas important vers la fin de l’impunité

Les magistrats de la Cour pénale spéciale (CPS) de la République centrafricaine écoutent des arguments, le 17 décembre 2021, lors d’une audience à l’issue de laquelle ils ont décidé de tenir un premier procès contre Issa Sallet Adoum, Ousman Yaouba et Tahir Mahamat pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la province d’Ouham Pendé en mai 2019. © 2021 Inès Laure N'Gopot

Le 17 décembre, la Cour pénale spéciale (CPS) de la République centrafricaine a annoncé sa décision de tenir son premier procès. Il s’agit-là d’un moment crucial dans les efforts déployés, dans un contexte difficile, afin d’obtenir justice pour des atrocités commises lors des plus récents conflits en République centrafricaine.

Cette affaire concerne de présumés crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en mai 2019 dans les villages de Koundjili et Lemouna par trois suspects : Issa Sallet Adoum, Ousman Yaouba et Tahir Mahamat.

Je suis arrivé à Koundjili, petit village du nord-ouest de la République centrafricaine, environ deux semaines après les meurtres. Les habitants étaient encore sous le choc, bien qu’ayant déjà connu des années de violences et de combats dans la région. Ils m’ont raconté comment, le 21 mai 2019, plusieurs dizaines de miliciens du groupe armé Retour, réclamation et réhabilitation, ou 3R, étaient entrés dans le village, avaient convoqué 11 hommes et les avaient exécutés. Ils en ont tué deux autres en repartant. Le même jour, les combattants de ce groupe ont également tué 22 hommes dans le village voisin de Lemouna et au moins 10 civils dans la ville de Bohong. Ces meurtres d’une grande brutalité se sont produits quelques mois seulement après que les chefs du groupe 3R eurent signé un accord de paix visant à mettre fin à de tels actes.

La sœur d’une des victimes m’a dit qu’elle avait peur que les gens ne recourent à la vengeance si rien n’était fait contre le 3R. « Si justice doit être faite, cela doit être une justice véritable pour qu’ensuite il y ait la paix », a-t-elle déclaré.

Quelques jours après les meurtres, le chef du 3R, Sidiki Abass, a remis les trois hommes qui vont maintenant être jugés par la CPS aux autorités et aux Nations Unies. Bien que ce procès soit crucial pour l’établissement des culpabilités, le gouvernement centrafricain ne devrait pas accepter l’idée que la remise de ces trois hommes aux autorités exonère les commandants plus haut gradés du groupe 3R de toute responsabilité dans ces meurtres.

C’est un moment-clé pour la République centrafricaine. Il reste beaucoup à faire, notamment la ré-arrestation et le jugement d’un suspect accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par la CPS, Hassan Bouba, après sa libération surprise le mois dernier. Mais si le procès qui va s’ouvrir sert de premier pas vers l’administration de la justice pour de graves crimes, il pourrait aider à faire avancer le pays sur le chemin d’une paix durable.

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