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Le Cameroun devrait protéger les prisonniers contre l’épidémie de choléra

La surpopulation carcérale, les mauvaises conditions hygiéniques et le manque d’accès à une eau potable salubre accroissent les risques

Au moins six détenus de la Prison centrale « New Bell » à Douala, deuxième prison du Cameroun en termes de taille, sont décédés depuis mars en raison de l’épidémie de choléra qui frappe le pays. Due à une infection bactérienne qui cause de graves diarrhées et une déshydratation, cette maladie se transmet généralement par l’eau et peut être fatale si elle n’est pas rapidement traitée. La victime la plus récente est un prisonnier politique de 30 ans, Rodrigue Ndagueho Koufet, qui a succombé au choléra le 7 avril.

Selon le ministre de la Santé camerounais, 105 personnes sont décédées des suites de la résurgence du choléra depuis octobre. Des cas de choléra ont jusqu’ici été identifiés dans six des dix régions du pays, y compris dans le Sud-Ouest ; dans cette région instable, le système de santé a été fortement affecté par la crise violente entre les forces gouvernementales et les groupes séparatistes armés.

La façade de la Prison centrale « New Bell » de Douala, au Cameroun, photographiée en avril 2022. © 2022 Privé

Rodrigue Ndagueho Koufet faisait partie des plus de 500 personnes arrêtées au cours de manifestations menées par l’opposition dans tout le Cameroun en septembre 2020, qui ont été violemment réprimées par les forces de sécurité. D’après les avocats du parti d’opposition Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), au moins quatre autres de ses sympathisants ont été diagnostiqués comme malades du choléra à la prison « New Bell ».

On craint que le nombre de victimes n’augmente fortement dans ce lieu de détention surpeuplé, où vivent quelque 4 700 prisonniers – soit quatre fois sa capacité d’accueil –, la majorité étant en détention provisoire en violation des normes internationales. « Nous sommes une cinquantaine, entassés dans une cellule de 9 mètres carrés. Il n’y a pas d’eau potable et les conditions d’hygiène sont déplorables », a déclaré à Human Rights Watch un homme détenu dans la même cellule que l’était Koufet.

Le gouvernement a pris des mesures pour limiter la propagation du choléra, entre autres en lançant une campagne de vaccination, en encourageant un lavage régulier des mains et en s’assurant que l’eau de boisson est potable. Mais dans les prisons surpeuplées du Cameroun, même les mesures d’hygiène les plus basiques sont difficiles à appliquer.

Cette épidémie de choléra met en évidence à quel point des conditions d’emprisonnement abjectes peuvent rapidement menacer la vie des personnes. Le Cameroun a l’obligation, en vertu du droit international, de veiller à ce que tous les prisonniers soient détenus dans des conditions humaines et dignes, et de garantir leur droit à la santé. Par ailleurs, les autorités devraient éviter les mesures de détention provisoire, excepté dans des circonstances exceptionnelles. Elles devraient libérer les personnes les plus exposées au risque de graves complications sanitaires dues au choléra, notamment les mineurs et les personnes âgées. Les établissements pénitentiaires devraient également réduire le problème de la surpopulation en libérant les personnes détenues pour des délits mineurs, celles qui auront bientôt purgé leur peine, la plupart de celles qui ont été placées en détention provisoire, et celles qui, comme l’était Koufet, sont détenues parce qu’elles ont pacifiquement exercé leurs droits. Enfin, les autorités devraient s’assurer que les prisonniers aient accès à une eau propre et à l’assainissement.

Le gouvernement devrait agir rapidement, non seulement pour empêcher la maladie de se propager, mais aussi pour protéger les personnes qui dépendent de lui pour leur protection.

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