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Le projet britannique d’envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda est cruel

Le Royaume-Uni continue de bafouer ses obligations envers les demandeurs d’asile

L'ex-ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel et le ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Vincent Biruta, signent un accord au Palais des Congrès de Kigali, au Rwanda, le 14 avril 2022. © 2022 Simon Wohlfahrt/AFP via Getty Images

Au mépris de ses obligations envers les personnes demandant l’asile sur ses côtes, le gouvernement britannique a signé aujourd’hui un accord avec le Rwanda pour y envoyer des demandeurs d’asile ayant traversé la Manche.

En vertu du nouvel accord de partenariat en matière d’asile, les personnes arrivant au Royaume-Uni de manière irrégulière (ou qui y sont arrivées de manière irrégulière depuis le 1er janvier 2022) peuvent être envoyées au Rwanda par le biais d’un vol « aller simple »,  afin que leur demande d’asile soit traitée dans ce pays ; l’accord prévoit que si ces personnes sont reconnues comme réfugiées, ce statut leur sera accordé au Rwanda.

Le Royaume-Uni fait valoir que la délocalisation des demandeurs d’asile au Rwanda est conforme à ses obligations juridiques internationales. Cependant, le traitement délocalisé est non seulement cruel et inefficace, mais aussi très probablement illégal. Il crée un système de réfugiés à deux vitesses qui discrimine contre un groupe de personnes en fonction de  leur mode d’arrivée. Le statut de réfugié devrait pourtant être fondé uniquement sur les critères de menace de persécution ou de préjudice grave, en vertu de normes internationales reconnaissent que les demandeurs d’asile sont souvent contraints de franchir les frontières de manière irrégulière pour obtenir une protection.

Nous avons documenté les graves abus résultant du transfert par un pays de demandes d’asile vers un autre pays . Le régime australien de détention à Nauru et sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a causé pendant plus de huit ans d’immenses souffrances humaines. Douze personnes sont mortes depuis le début de cette politique en 2013. Des hommes, des femmes et des enfants ont subi des traitements dégradants en l’absence de soins médicaux requis, et des années de détention à durée indéterminée ont provoqué des suicides et des cas d’automutilation. Les coûts ont également été exorbitants. La détention d’un seul demandeur d’asile en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou à Nauru revient à environ 3,4 millions de dollars australiens par an.

En outre, le bilan déplorable du Rwanda en matière de droits humains est bien documenté. En 2018, les forces de sécurité rwandaises ont abattu au moins 12 réfugiés de la République démocratique du Congo après leur tentative de manifester contre une réduction des rations alimentaires. Les autorités ont ensuite arrêté et poursuivi en justice une soixantaine d’entre eux, notamment pour rébellion et « diffusion de fausses informations dans l’intention de créer une opinion internationale hostile à l’État rwandais ». Le Rwanda est notoirement connu pour ses exécutions extrajudiciaires, ses morts suspectes en détention, ses détentions illégales ou arbitraires, ses actes de torture et ses poursuites judiciaires abusives, notamment à l’encontre des détracteurs et des dissidents. D’ailleurs, le Royaume-Uni a directement fait part au Rwanda de ses préoccupations en matière de respect des droits humains, et a accordé l’asile à des Rwandais ayant fui leur pays, dont quatre rien que l’an dernier.

Alors même que le peuple britannique a ouvert son cœur et ses foyers aux Ukrainiens, son gouvernement choisit d’agir avec cruauté et de rompre ses obligations envers d’autres personnes fuyant la guerre et les persécutions.

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