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Bélarus : Mettre fin aux mauvais traitements infligés à une opposante

Maria Kalesnikava est maintenue en isolement cellulaire, sans accès à un médecin ni à son avocat

Belarusian opposition activist Maria Kalesnikava inside the defendants’ cage at the opening of her trial on Aug 4, 2021. © 2021 Ramil Nasibulin/BeITA via AP, File

(Vilnius, le 12 juin 2023) - Les autorités biélorusses devraient immédiatement mettre fin aux mauvais traitements infligés à Maria Kalesnikava et à tous les autres prisonniers politiques, ont déclaré aujourd'hui 24 organisations internationales et biélorusses de défense des droits humains. Maria Kalesnikava est détenue à l'isolement et ne reçoit pas de soins médicaux adéquats, malgré de graves problèmes de santé. Elle est privée de certains aliments et médicaments essentiels.

Maria Kalesnikava n'a eu aucun contact avec sa famille ou son avocat depuis près de quatre mois. Des informations crédibles selon lesquelles elle a été maltraitée par la direction de la colonie pénitentiaire et que sa santé s'est détériorée sont une source de profonde préoccupation.

Maria Kalesnikava.  © 2023 Maria Kalesnikava/Twitter

Maria Kalesnikava est une figure de proue de l'opposition, une musicienne et un symbole du mouvement de protestation pacifique pour les droits humains au Bélarus. Elle est détenue depuis septembre 2020, après avoir résisté à une tentative des autorités de l'expulser par la force du pays en représailles à son militantisme politique et à son appartenance au Conseil de coordination de l'opposition pour le transfert du pouvoir.

Le 6 septembre 2021, Maria Kalesnikava a été condamnée à 11 ans de prison, sur la base d’accusations fallacieuses d'« extrémisme », de « tentative de prise de pouvoir » et d'« appels à des actions portant atteinte à la sécurité nationale ». Elle purge sa peine dans la colonie pénitentiaire pour femmes N4 à Homiel.

Dans la nuit du 28 novembre 2022, Maria Kalesnikava a été admise à l'unité de soins intensifs de l'hôpital d'urgence de Homiel où elle a subi une intervention chirurgicale pour un ulcère perforé. Avant d’être emmenée à l'hôpital, elle avait passé plus de 10 jours dans une cellule d'isolement punitive, malgré de graves problèmes de santé. Sa cellule était si froide qu'elle ne pouvait pas dormir, et marchait constamment pour se réchauffer.

Bien que Maria Kalesnikava se soit évanouie à plusieurs reprises et ait souffert d'hypertension artérielle et de nausées pendant son isolement, les autorités ont refusé de la transférer à l'hôpital jusqu'à ce que sa santé se détériore considérablement.

L'administration de la colonie pénitentiaire n'a informé ni la famille de Maria Kalesnikava ni son avocat qu'elle avait été hospitalisée et opérée, bien qu’elle ait demandé à plusieurs reprises au personnel de l'hôpital d'entrer en contact avec sa famille.

Maria Kalesnikava a passé environ une semaine à l'hôpital d'urgence de Homiel avant d'être transférée à l'établissement médical de la colonie pénitentiaire. Les détails sur son état de santé et ses allégations de mauvais traitements dans la cellule disciplinaire n'ont été connus que le 5 décembre, lorsque son père a été autorisé à lui rendre visite.

Le 10 janvier, l'administration de la colonie pénitentiaire a forcé Maria Kalesnikava à reprendre le travail à l'usine de vêtements de la colonie. Sa famille s'est dite préoccupée par le fait qu'elle était encore trop faible après l'opération pour reprendre ce travail.

Depuis la mi-février, Maria Kalesnikava s'est vu refuser toute communication avec sa famille, qu’il s’agisse de visites, d’appels téléphoniques ou de lettres. Son avocat n'a pas pu lui rendre visite depuis le 7 février, malgré des tentatives répétées de la contacter.

Fin mars, Viasna, une importante organisation de défense des droits humains, a rapporté que Maria Kalesnikava avait été placée dans une cellule disciplinaire (« PKT ») pour une supposée violation du règlement pénitentiaire.

Entre octobre 2020 et décembre 2022, les autorités biélorusses ont radié du barreau trois avocats qui avaient représenté Maria Kalesnikova : Aliaksandr Pylchenka, Liudmila Kazak et Vladimir Pylchenko. De telles radiations du barreau d’avocats de prisonniers politiques au Bélarus, basées sur des motifs politiquie, constituent une pratique répressive courante dans ce pays.

En mai, des organisations de défense des droits humains ont appris par des canaux privés que la santé de Maria Kalesnikava s'était considérablement détériorée en prison, et qu'elle ne s'était pas remise de l'opération. Selon des informations dignes de foi, elle n'a pas été en mesure d'accomplir le travail obligatoire en prison et a perdu connaissance à plusieurs reprises.

Préoccupée par la détérioration de sa santé, la famille de Maria Kalesnikava a consulté un médecin concernant ses besoins en soins postopératoires. Bien que le médecin n'ait pas été en mesure d'examiner Maria Kalesnikava en personne, il a indiqué qu'elle pourrait avoir besoin d'une surveillance médicale et d'un régime alimentaire spécial pendant plusieurs mois après l'opération pour éviter une rechute, avec des conséquences potentiellement bien pires pour sa santé.

L'isolement de prisonniers politiques et les mauvais traitements à leur encontre constituent une tactique répressive largement répandue au Bélarus. Ces derniers mois, les autorités ont également empêché d'autres personnalités emprisonnées pour des motifs politiques – dont Maksim Znak, Siarhei Tsikhanouski, Viktar Babaryka, Mikola Statkevich et Ihar Losik – de communiquer avec leurs avocats et leurs proches.

Les autorités biélorusses devraient fournir des informations sur l'état de santé de Maria Kalesnikava, lui accorder d'urgence l'accès à un médecin de son choix, lui permettre à nouveau de communiquer avec sa famille et rétablir son accès à son avocat, ont déclaré les organisations. Les autorités biélorusses devraient mettre fin aux poursuites à motivation politique, et libérer toutes les personnes emprisonnées uniquement pour avoir voulu exercer leurs droits fondamentaux.

Organisations signataires :

Amnesty International

ARTICLE 19

Association biélorusse des journalistes

Barys Zvozskau Maison biélorusse des droits de l'homme

Bureau des droits des personnes handicapées (Bélarus)

Campax

Centre des droits humains Viasna

Comité biélorusse d'Helsinki

Comité néerlandais d'Helsinki

Comité norvégien d'Helsinki

Fédération internationale pour les droits humains (FIDH)

Fondation d'Helsinki pour les droits humains (HFHR)

Freedom House

Human Constanta

Human Rights Watch

Lawtrend

Legal Initiative Belarus

Libereco – Partenariat pour les droits humains

Organisation mondiale contre la torture (OMCT)

Partenariat international pour les droits humains (IPHR)

PEN Amérique

PEN Biélorussie

People in Need

Politzek.me

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