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L'avocate biélorusse Yulia Yurhilevich et le journaliste Pavel Mazheika, 26 juin 2018. © Yulia Yurhilevich/Facebook et 2018 Visana  © Yulia Yurhilevich/Facebook and 2018 Visana

Lire la version en anglais du Brief du Jour de Andrew Stroehlein.

Le Bélarus n'est pas très couvert par les médias internationaux.

Le mois dernier, le pays est apparu brièvement dans les radars des médias internationaux, lorsque le chef de guerre et mercenaire russe Evgueni Prigojine a abandonné sa marche spectaculaire vers Moscou et s’est exilé au Bélarus. 

Mais cet épisode est rare. Des jours et des mois passent sans que les médias ne s'intéressent au pays surnommé « la dernière dictature d'Europe ». Lorsque le Bélarus est mentionné, c'est presque toujours dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, comme dans l'affaire Prigojine. 

Je ne connais que deux exceptions au cours des dernières années, lorsque les médias internationaux se sont intéressés au Bélarus en tant que Bélarus. Tout d'abord, lors des manifestations de masse qui ont suivi les élections frauduleuses d'août 2020 - bien que l'intérêt des médias pour la vague de répression brutale qui a suivi soit trop rapidement retombé. Et deuxièmement lorsque le défenseur des droits humains Ales Bialiatski a reçu le prix Nobel de la paix l'année dernière.

Le problème, du point de vue d’un rédacteur en chef, c'est que le sujet le plus important au Bélarus n'est en aucun cas « nouveau ». C’est même le quotidien de l'horrible régime d’Alexandre Loukachenko, dictateur de cette zone de répression depuis l'ère des dinosaures. 

Ok, depuis 1994, en réalité, mais près de 30 ans au pouvoir, c'est long. La moyenne d'âge au Bélarus étant de 39 ans, il est à peu près le seul dinosaure - pardon, président - que la plupart des 9,5 millions d'habitants du pays aient jamais connu.

Et sa gouvernance a été véritablement digne des tyrannosaures. 

La suppression de la liberté d'expression et des médias, la répression brutale des manifestants, la persécution des défenseurs des droits humains, les brutalités policières, disparitions, tortures en détention et aveux forcés, les procès bidons, la peine de mort... 

Mais aucune de ces brutalités n'est une « actualité » au sens où l'entendent les médias internationaux. En effet, la plupart des abus mentionnés dans cette liste sont les mêmes horreurs que celles dont j'ai entendu parler par les journalistes du Bélarus, lorsque j'animais un atelier de journalisme à Minsk il y a 20 ans.

C'est une horreur constante, qui dure depuis des décennies, pour des millions de personnes, mais elle est le plus souvent invisible dans les grands médias internationaux, même ici en Europe. 

Et pourtant, les histoires au Bélarus sont ahurissantes. L'un des derniers exemples en date est le cas du journaliste Pavel Mazheika et de l'avocate Yulia Yurhilevich, actuellement jugés pour « aide à des activités extrémistes »

Yurhilevich était une avocate bien connue pour avoir représenté des victimes de poursuites politiquement motivées, jusqu'à ce qu'elle soit retirée du barreau en février 2022. 

Les procureurs affirment aujourd'hui que les deux accusés avaient « par conspiration préalable » partagé des informations sur la radiation du barreau de Mme Yurhilevich.

Toutefois, la notification de sa radiation est ouvertement disponible sur le site web du ministère de la justice du Bélarus. Les deux accusés risquent donc jusqu'à sept ans de prison pour avoir partagé des informations ouvertement accessibles au public - que le gouvernement lui-même a rendues accessibles au public.

Ce type de répression absurde est certainement une actualité que le monde devrait connaître et suivre.

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