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Maroc : À l’occasion de la Journée mondiale des peuples autochtones, des ONG renouvellent leur appel à la libération de Nasser Zefzafi

L'activiste marocain Nasser Zefzafi prononce un discours lors d'une manifestation contre l'injustice et la corruption dans la ville d'Al-Hoceima, dans le nord du Maroc, le 18 mai 2017. © 2017 Reuters

À l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones, nous, les organisations de la société civile soussignées, appelons à la remise en liberté immédiate et sans conditions de Nasser Zefzafi de sa détention injuste au Maroc. Zefzafi est un défenseur des droits humains qui purge une peine de 20 ans de prison pour activisme pacifique au nom de sa communauté autochtone amazighe dans la région marginalisée du Rif.

Zefzafi était un dirigeant de premier plan du mouvement Hirak, qui a été déclenché en 2016 par le meurtre brutal d’un poissonnier local à Al Hoceima. Le mouvement a été la plus grande série de manifestations publiques qu’ait connues le pays depuis 2011, rassembant des dizaines de milliers de participants. Zefzafi et d’autres leaders du Hirak ont exprimé des revendications socioéconomiques qui ont reçu une attention aux niveaux national et international et surmonté les fossés de classes, en l’absence de la moindre violence. Zefzafi a été arrêté le 29 mai 2017. Il a été soumis à des actes de torture et à d’autres mauvais traitements par des policiers, puis placé à l’isolement prolongé pendant près d’un an, entre septembre 2017 et août 2018.

Dans une lettre adressée au Parlement européen en 2018 en sa qualité de finaliste du prix Sakharov, Zefzafi a affiché un engagement durable en faveur de la non-violence et de la justice face à une litanie d’abus commis contre sa communauté. Selon ses propres mots, il aspire à « un jour se réveiller dans un… monde [sans armes] », aux côtés de son peuple vivant « en paix sur cette belle planète bleue ».

Le leadership de Zefzafi a été crucial pour le mouvement Hirak malgré son emprisonnement. En 2017, une vidéo qui a fuité sur Internet le montrait détenu, avec des ecchymoses et d’autres marques sur son corps qui semblaient suggérer qu’il a été victime d’abus. La vidéo a déclenché une nouvelle vague de manifestations dans plusieurs villes – à l’intérieur et à l’extérieur du Rif – qui appelaient à sa libération.

Le cas de Zefzafi est emblématique de la répression et de la série de violations des droits humains perpétrés au Maroc. Lui et de nombreux autres militants du pays ont été impitoyablement poursuivis, emprisonnés et torturés. Ainsi, plusieurs journalistes ont été surveillés, menacés et emprisonnés pour des reportages qui pourraient être perçus comme critiquant le roi Mohammed VI ou les services de sécurité. En novembre 2022, Mohammed Ziane, un avocat chevronné âgé de 80 ans qui représentait Zefzafi, a été arrêté et envoyé en prison, manifestement en représailles pour son activisme au service des droits humains.

Selon des sources proches de lui, la santé de Zefzafi continue de se détériorer en prison alors que les autorités l’empêchent de recevoir des soins médicaux suffisants. « Alors qu’il continue de subir des traitements terribles dans la cinquième année de sa longue peine, nous nous joignons à nos partenaires pour demander la libération immédiate et sans conditions de Zefzafi », a déclaré Margaux Ewen, directrice de l’Initiative des prisonniers politiques de Freedom House. « Nous nous unissons à l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones pour montrer à Zefzafi que lui et le mouvement pacifique qu’il représente ne sont pas oubliés. »

Le Royaume du Maroc tient des élections multipartites régulières pour le parlement et les organes locaux, et les réformes de 2011 ont transféré une partie de l’autorité gouvernementale de la monarchie à la législature nationale. Mais le roi et les fonctionnaires de son palais maintiennent une domination absolue en exerçant des pouvoirs formels considérables et en maintenant une capacité d’influence informelle au sein de l’État et de la société. De nombreuses libertés civiles sont concrètement restreintes. Dans le rapport Freedom In the World 2023 de Freedom House, le Maroc est classé comme partiellement libre, avec un score global de 37 sur 100. Pour les droits politiques, le Maroc a obtenu un score de 13 sur 40, et pour les libertés civiles, de 24 sur 60.

Liste des signataires

Amnesty International

Centre pour les victimes de la torture

Freedom House

Human Rights Watch

Project on Middle East Democracy (POMED)

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