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La Chine a renvoyé de force plus de 500 personnes vers la Corée du Nord

Ces personnes, en majorité des femmes, sont confrontées aux risques de torture, d’abus sexuels et de travail forcé en Corée du Nord

Un activiste tenait une photo d'un réfugié nord-coréen lors d'une manifestation tenue devant l'Ambassade de Chine à Washington le 24 septembre 2021, appelant le président chinois Xi Jinping à autoriser les Nord-Coréens détenus en Chine à voyager vers d’autres pays en toute sécurité. © 2021 Andrew Caballero-Reynolds/AFP via Getty Images

Les autorités chinoises ont récemment renvoyé de force vers la Corée du Nord plus de 500 personnes qui avaient fui ce pays. Ces personnes, pour la plupart des femmes, courent un risque grave d'être détenues dans des camps de travaux forcés ; en Corée du Nord, elles seront aussi exposées aux risques de torture, de violences sexuelles, de disparitions forcées et même d’exécution.

Stephen Kim, un missionnaire sud-coréen ayant de nombreux contacts en Corée du Nord et en Chine, a déclaré que dans la nuit du 9 octobre, le gouvernement chinois avait renvoyé ces personnes en Corée du Nord par le biais de convois de véhicules qui ont franchi cinq postes frontaliers. Stephen Kim a ajouté que certaines personnes avaient réussi à convaincre des gardes chinois d'appeler des membres de leur famille en Corée du Sud, pour les informer de ce qui leur arrivait.

Les inquiétudes concernant les retours forcés se sont accrues depuis que le gouvernement nord-coréen a annoncé en août la réouverture de ses frontières, qu’il avait fermées au début de la pandémie de Covid-19. La Corée du Nord a renforcé la sécurité de ses frontières ces dernières années, avec de nouvelles clôtures et des postes de garde, afin d’appliquer strictement les lois interdisant les sorties non autorisées.

En vertu du droit pénal nord-coréen, Pyongyang considère le départ sans autorisation comme un crime de « trahison contre la nation », passible de la peine de mort ou de la détention dans des camps de travaux forcés, ou les exactions sont courantes. Face à cette menace, selon le droit international, tout Nord-Coréen qui quitte son pays sans autorisation doit être considéré comme un « réfugié sur place » dans le pays vers lequel il a fui.

Human Rights Watch a par ailleurs confirmé que les autorités chinoises ont précédemment renvoyé de force de nombreux Nord-Coréens vers leur pays, y compris 50 personnes en juillet 2021, 80 personnes le 29 août 2023, et 40 personnes le 18 septembre 2023. Dans une lettre du 21 septembre adressée au président chinois Xi Jinping, Human Rights Watch s'est jointe à plusieurs autres organisations pour appeler la Chine à suspendre les retours forcés.

Le gouvernement chinois qualifie régulièrement les Nord-Coréens sans papiers de « migrants économiques » illégaux et ne leur permet pas de demander l’asile ou de se réinstaller en Chine ; au lieu de cela, le gouvernement les expulse vers la Corée du Nord en vertu d’un protocole frontalier bilatéral de 1986.

Cependant, la Chine est un État partie à la Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés (1951) et à la Convention contre la torture, qui interdisent le retour forcé de toute personne présentant un risque réel de persécution ou de torture. En décembre 2013, la Commission d'enquête des Nations Unies sur les droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée a averti le gouvernement chinois que les responsables impliqués dans les rapatriements forcés risquaient d'être tenus responsables pénalement pour complicité de crimes contre l'humanité (rapport, paragraphe 1197).

Les autres gouvernements devraient dénoncer les derniers retours effectués par la Chine et appeler à la fin des futurs retours forcés. Le gouvernement chinois devrait permettre aux autorités de l’ONU d’accéder aux détenus nord-coréens et soit accorder aux Nord-Coréens le statut de réfugié, soit leur permettre un passage sûr vers la Corée du Sud ou d’autres pays.

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