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Des évadés de Corée du Nord et leurs défenseurs se rendent au tribunal du district de Tokyo pour déposer une plainte contre le gouvernement nord-coréen pour violation des droits humains, le 20 août 2018. © 2018 The Asahi Shimbun via Getty Images 

On leur avait promis le « paradis sur terre ». Ce qu'ils ont obtenu, c'est de la violence à l'état pur.

Hier, certains survivants ont obtenu justice.

Entre 1959 et 1984, environ 93 000 Coréens et Japonais ont émigré du Japon vers la Corée du Nord dans le cadre d'un programme de réinstallation présentant la Corée du Nord comme le « Paradis sur terre ». Le gouvernement de Pyongyang, travaillant essentiellement par l'intermédiaire d'une association complaisante de Coréens résidant au Japon, promettait d’offrir « tout ce qui est nécessaire à la vie, y compris le logement, la nourriture et les vêtements, entièrement garantis ».

Une fois sur place, bien sûr, les gens n’ont pas du tout découvert le « paradis », mais un pays désespérément pauvre, où la répression gouvernementale impactait tous les aspects de la vie quotidienne. Le gouvernement nord-coréen leur a dit où vivre, étudier et travailler. Il leur disait quoi dire et comment le dire. Il rationnait leur nourriture. Il les obligeait à espionner leur entourage et à produire des rapports.

Si vous vous dites : « ils auraient dû savoir qu'il ne fallait pas aller en Corée du Nord », réfléchissez-y à deux fois.

Pensez à des personnes comme Kawasaki Eiko, une Coréenne de deuxième génération qui a grandi dans un Japon d'après-guerre économiquement dévasté, en proie à une discrimination généralisée à laquelle les Coréens ont toujours été confrontés dans ce pays. Pour elle, la promesse d'une vie meilleure ailleurs a naturellement semblé attrayant. C'est en 1960 qu'elle décide de se rendre en Corée du Nord. Elle n'avait que 17 ans.

Mais le gouvernement nord-coréen n'était pas le seul à promouvoir la campagne de réinstallation du « Paradis sur terre ».

Le gouvernement japonais a approuvé le programme au plus haut niveau par le biais d'une résolution. L'association des résidents coréens au Japon l'a mis en œuvre avec le soutien de la Croix-Rouge japonaise et nord-coréenne et l'aide du Comité international de la Croix-Rouge.

Dans ces conditions, il n'est guère surprenant que des personnes comme Kawasaki Eiko – environ 93 000 personnes – aient pris le risque de s’installer ailleurs et ne se soient rendu compte de la terrible décision qu'ils avaient prise que trop tard. Elle a passé 43 ans dans le « paradis » de l'enfer nord-coréen, n'en réchappant qu'en 2003.

Hier, la Haute Cour de Tokyo a rendu une décision historique en vertu de laquelle le gouvernement nord-coréen doit répondre des violations des droits humains commises à l'encontre des victimes de la campagne du « Paradis sur terre ». 

Annulant une décision antérieure, la Haute Cour a déclaré que les tribunaux japonais étaient compétents pour statuer sur cette affaire et a estimé que le gouvernement nord-coréen avait violé les droits des plaignants, survivants de l'horreur, dont Kawasaki Eiko, aujourd'hui âgée de 81 ans.

La Haute cour a déclaré que les plaignants avaient été contraints de vivre une existence misérable et dramatique en Corée du Nord, perdant leur vie entière en raison de la violation par le gouvernement nord-coréen de la liberté des plaignants de choisir leur lieu de résidence.

L'affaire est maintenant portée devant le tribunal du district de Tokyo, qui examinera principalement le montant que le gouvernement nord-coréen devrait verser aux plaignants. Même si Pyongyang refuse à terme de payer pour les dommages qu'il a causés, ce qui s'est passé hier est une énorme victoire pour les survivants et tous les fugitifs nord-coréens au Japon, qui se battent devant les tribunaux depuis des années.

Hier, devant le tribunal de Tokyo, Kawasaki Eiko « a essuyé ses larmes et levé le poing en signe de victoire ». Un peu de justice, enfin.

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