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Le référendum au Tchad mènera-t-il à la démocratie ?

Une transition illégale ouvre un nouveau chapitre

Une banderole du Rassemblement national des démocrates tchadiens (RNDT), photographiée à N'Djamena le 13 décembre 2023, appelle les citoyens à rester chez eux lors du référendum prévu le 17 décembre. © 2023 Denis Sassou Gueipeur/AFP via Getty Images

Après près de deux ans de répression brutale des manifestations pro-démocratie, le gouvernement de transition du Tchad va tenir un référendum constitutionnel le 17 décembre.

Ce référendum vise à accomplir un objectif principal : mettre fin à une transition qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Il se produit également après que le gouvernement a autorisé le retour au pays d’un opposant politique de renom après un an d’exil.

Selon la constitution du Tchad, adoptée en 2018, dans l’éventualité du décès du chef de l’État, le président de l’Assemblée nationale doit diriger le pays provisoirement pendant une période de 45 à 90 jours avant une nouvelle élection.

Quand l’ancien président Idriss Déby Itno est mort en avril 2021 dans des circonstances qui n’ont toujours pas été élucidées lors d’affrontements dans la province de Kanem, dans l’ouest du pays, la constitution a été mise de côté. À la mort de Déby, un porte-parole militaire a déclaré que le gouvernement et le parlement étaient dissous, que toutes les frontières étaient fermées et qu’un conseil militaire de transition dirigé par Mahamat Idriss Déby Itno, l’un des fils de Déby, prenait le pouvoir avec la promesse de restaurer le régime civil avant le 20 octobre 2022.

Des mois de manifestations pro-démocratie s’en sont suivis et le 20 octobre 2022, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de N’Djamena, la capitale, et de plusieurs autres villes, pour protester contre la décision du gouvernement de transition de prolonger de deux ans cette période intérimaire. Les forces de sécurité ont répondu aux manifestations avec brutalité, tuant, blessant ou arrêtant de très nombreuses personnes. Au lieu d’exiger des comptes de la part des services de sécurité, le gouvernement de transition a décrété une amnistie générale, refusant ainsi aux victimes leur droit à la justice et renforçant l’impunité.

La période menant au référendum a été paisible, quoique dans un environnement étroitement contrôlé : les débats et les émissions politiques ont été suspendus pendant la campagne, les personnes qui militaient pour un boycott ont affirmé avoir fait l’objet de manœuvres d’intimidation et les médias ont été mis en garde par des fermetures temporaires.

Le vote qui s’annonce est un fait accompli et le référendum est certain d’aboutir à une victoire du « oui ». Mais alors que le gouvernement sort de la phase de transition et avance vers des élections fin 2024, la question demeure : ce nouveau chapitre sera-t-il annonciateur d’une vraie démocratie ou servira-t-il simplement à solidifier un régime à parti unique ?

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