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Israël/Palestine : Le nombre de civils tués et la répression ont atteint des niveaux sans précédent

Une action urgente est nécessaire pour empêcher de nouvelles atrocités

Une habitante du quartier d’Al-Zahra, dans la bande de Gaza, marchait parmi les décombres d’un immeuble résidentiel détruit par une frappe aérienne israélienne, le 19 octobre 2023. © 2023 Mustafa Hassona/Anadolu via Getty Images

(Jérusalem) – En 2023, des civils ont été pris pour cible, attaqués, victimes d’abus et tués à une échelle sans précédent dans l’histoire récente d’Israël et de la Palestine, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui, à l’occasion de la publication de son Rapport mondial 2024.

Plus de 1 200 Israéliens et ressortissants étrangers en Israël et, à la date du 4 janvier 2024, plus de 22 000 Palestiniens de Gaza, civils pour la plupart, ont été tués depuis le 7 octobre 2023, selon les autorités locales ; les hostilités entre les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens de Gaza ont été marquées par des attaques illégales et d’autres graves abus. Pendant ce temps, les meurtres, les mises en détention administrative et les actes de violence de la part de colons israéliens contre des Palestiniens en Cisjordanie occupée ont atteint des niveaux sans précédent depuis des années.

« Les crimes odieux commis par les forces israéliennes et les groupes armés palestiniens depuis le 7 octobre sont l’héritage déplorable de l’impunité qui prévaut depuis des décennies pour des attaques illégales et pour la répression systématique des Palestiniens par Israël », a déclaré Omar Shakir, directeur pour Israël et la Palestine à Human Rights Watch. « Combien de civils doivent encore souffrir ou être tués du fait de crimes de guerre, avant que les pays qui fournissent des armes cessent de le faire ou prennent d’autre mesures pour mettre fin à ces atrocités ? »

Dans son Rapport mondial 2024, sa 34e édition qui compte 740 pages, Human Rights Watch analyse les pratiques en matière de droits humains dans plus de 100 pays. Dans son essai introductif, la directrice exécutive Tirana Hassan affirme que 2023 a été une année lourde de conséquences, non seulement à cause de la répression des droits humains et des atrocités liées aux conflits armés, mais aussi en raison de l’indignation sélective et de la diplomatie transactionnelle. Ces pratiques gouvernementales, indique-t-elle, ont profondément porté atteinte aux droits de tous ceux restés en marge de « deals » inavoués. Une voie différente et porteuse d’espoir est possible, affirme-t-elle cependant, appelant les gouvernements à rester cohérents en respectant leurs obligations en matière de droits humains.

Le 7 octobre, des combattants menés par le Hamas en provenance de la bande de Gaza ont lancé une attaque dans le sud d’Israël, tuant délibérément des civils, tirant sur des foules, abattant des personnes dans leurs maisons et emmenant de force des otages à Gaza, dont des personnes âgées et des enfants, actes qui constituent des crimes de guerre. Environ 128 personnes étaient toujours retenues en otages à la date du 2 janvier, selon les autorités israéliennes.

Peu après, les autorités israéliennes ont coupé les services essentiels, dont l’eau et l’électricité, à la population de Gaza et bloqué l’entrée de toute marchandise à l’exception d’un mince filet de carburant et d’aide humanitaire cruciale, actes de punition collective qui constituent des crimes de guerre et qui incluent le recours à la famine comme arme de guerre. Des frappes aériennes israéliennes se sont abattues sur Gaza de manière incessante, touchant des écoles et des hôpitaux et réduisant de vastes secteurs de certains quartiers à des tas de décombres, y compris lors d’attaques qui étaient apparemment illégales. Les forces israéliennes ont aussi illégalement utilisé des munitions au phosphore blanc dans des zones densément peuplées. Elles ont ordonné l’évacuation de tous les habitants du nord de Gaza et, au 2 janvier, avaient fait déplacer environ 1,9 million de personnes , soit près de 85 % de la population de la bande de Gaza —.

Le bouclage du territoire a exacerbé une situation humanitaire déjà précaire, résultant des sévères restrictions imposées depuis 16 ans par Israël aux mouvements des personnes et des biens vers et à partir de Gaza. Cet isolement prolongé, ainsi que les restrictions imposées par l’Égypte à sa propre frontière avec Gaza, ont privé les 2,2 millions de Palestiniens du territoire, à de rares exceptions, de leur droit à la liberté de déplacement et de possibilités d’améliorer leur vie ; sévèrement limité leur accès à l’électricité, aux soins médicaux et à l’eau ; et fortement perturbé l’économie. 

En Cisjordanie, les forces israéliennes ont tué 492 Palestiniens en 2023, dont 120 mineurs, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), soit plus de deux fois plus que lors de toutes les années précédentes depuis 2005, lorsque l’ONU a commencé à recenser systématiquement les victimes. Ce chiffre inclut des meurtres illégaux dûs à l’usage excessif par Israël de la force létale et certains cas d’exécutions extrajudiciaires.

Au 1er janvier, les autorités israéliennes maintenaient également 3 291 Palestiniens en détention administrative, sans chef d’accusation ni procès, sur la seule base d’informations secrètes, selon les données des Services pénitentiaires israéliens. Ce chiffre marque un pic pour les trois dernières décennies, selon l’organisation israélienne de défense des droits humains HaMoked.

Lors de la première moitié de 2023, le gouvernement israélien a approuvé la construction de 12 855 nouveaux logements dans des colonies de peuplement en Cisjordanie occupée. Il s’agit-là du nombre le plus élevé jamais enregistré par l’organisation israélienne Peace Now, qui effectue ce travail de comptabilité systématique depuis 2012. Le transfert de civils dans des territoires occupés constitue un crime de guerre.

Lors des huit premiers mois de 2023, les actes de violence de la part de colons israéliens contre des Palestiniens et leurs biens ont atteint leur plus haute moyenne quotidienne depuis que l’ONU a commencé à enregistrer ce genre d’incident en 2006 : une moyenne de trois incidents par jour, contre deux par jour en 2022 et un seul en 2021. Ce taux s’est encore accru après le 7 octobre. L'OCHA a enregistré 1 227 cas de violences de la part de colons israéliens en 2023 ayant fait des victimes ou causé des dommages à des biens, soit plus que chaque année précédente depuis 2006, quand ce Bureau a commencé à recenser les incidents impliquant des colons.

La répression des Palestiniens par les autorités israéliennes, exercée dans le cadre d’une politique visant à maintenir la domination des Israélien juifs sur les Palestiniens, équivaut aux crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution

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