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La moitié des enfants migrants non accompagnés qui font l'objet d'une évaluation de leur âge à Marseille se voient refuser la reconnaissance officielle de leur statut d'enfant, mais ces décisions sont annulées pour près de 75 % de ceux qui font appel. © Nicolas Tucat via Getty Images

Jetons des enfants souffrant de maladies infectieuses à la rue - cela vous semble-t-il une bonne idée ?

C'est ce que font les autorités à Marseille, la deuxième ville de France, apparemment sans se soucier de l'immoralité de leurs actes, et encore moins des problèmes de santé publique.

Pour comprendre cet abandon de toute décence, concentrons-nous sur un cas, celui d'un adolescent que nous appellerons "R".

Né en Afrique de l'Ouest, R. s'est retrouvé à Marseille, où il a d'abord pu séjourner dans un hébergement d'urgence en février 2021. C'est là qu'il a attendu l'évaluation de son âge, très importante, pour savoir si les autorités départementales des Bouches-du-Rhône le considéraient comme un enfant ou comme un adulte.

C'est à ce moment qu'il a été diagnostiqué tuberculeux par le centre national de lutte antituberculeuse. La tuberculose est évitable et curable, mais elle peut être mortelle en l'absence de traitement. En fait, après le COVID-19, la tuberculose est la deuxième cause de mortalité infectieuse dans le monde aujourd'hui.

Naturellement, le centre national de lutte antituberculeuse a informé les autorités départementales du diagnostic de R. et a demandé qu'il soit envoyé dans leurs établissements pour y être soigné. Cependant, malgré de nombreux rappels au département pendant plusieurs mois, R. n'a jamais été réorienté pour recevoir un traitement.

Au lieu de cela, en avril 2021, l'évaluation de son âge a déclaré qu'il n'était pas un enfant, et il a été remis à la rue sans traitement antituberculeux ni soins de suivi.

En France, ces évaluations de l'âge sont souvent décisives, mais les décisions sont très douteuses. Dans près de 75 % des cas, les évaluations sont annulées en appel. Malheureusement, ce réexamen par les tribunaux peut prendre des mois, voire des années. Entre-temps, les enfants ne peuvent prétendre à un hébergement d'urgence, ce qui signifie qu'ils sont souvent contraints de vivre sans abri, dans la rue.

Ils ne peuvent pas non plus accéder à des services tels que l'éducation, l'assistance juridique, la désignation d'un tuteur et la protection universelle en matière de santé.

Ce qui nous ramène à l'adolescent R. En l'absence de traitement, sa tuberculose s'est propagée aux os et à la moelle épinière. En novembre 2021, R. a brusquement perdu la sensibilité de ses deux jambes. Les médecins ont procédé en urgence à une arthrodèse - une fusion des articulations - et ont inséré des plaques métalliques dans ses vertèbres.

À ce jour, R. continue de ressentir de fortes douleurs physiques, il a perdu 60 % de sa mobilité et il y a des mouvements qu'il ne pourra plus jamais refaire. Ce cauchemar aurait pu être évité si les autorités avaient agi dix mois plus tôt, lorsque R. a été diagnostiqué.

La mesquinerie, le mépris et le manque de perspicacité des autorités sont révoltants, mais le pire, c'est que le cas de R. n'est pas inhabituel.

Un nouveau rapport de HRW montre comment le département français des Bouches-du-Rhône, dont fait partie Marseille, ne fournit pas aux enfants migrants non accompagnés les protections dont ils ont besoin et auxquelles ils ont droit.

Ils obligent les enfants à dormir dans les rues pendant des jours ou des semaines, atteints de tuberculose, du VIH, de stress post-traumatique ou de grossesses non détectées, pendant qu'ils attendent l'appel d'évaluation de leur âge - qui, je le répète, leur donne raison dans trois cas sur quatre.

Les autorités devraient cesser de se cacher derrière une bureaucratie trop souvent bidon, pour les évaluations de l'âge. Elles devraient partir du principe que ces personnes sont des enfants - car la plupart d'entre elles le sont - et les traiter humainement, au lieu de les jeter à la rue.

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